Ramon Cabrera a vingt-sept ans, en 1833, lorsqu’il prend parti pour la cause du roi Charles de Bourbon et prend les armes contre les Cristinos, partisans de la reine régente Marie-Christine.

 

 

Six ans plus tard, Conde de Morella, Ramon Cabrera est le général d’une armée de trente-mille hommes. Il règne sur un tiers de l’Espagne.

 

 

Ramon Cabrera a construit cette entreprise au départ de la Tinença de Benifassa. De 1833 à 1840.

 

 

Ramon Cabrera est né en 1806 à Tortosa (Espagne).

 

Général carliste, son rôle fut l’un des plus controversés de la Première Guerre carliste (1833 à 1846).

 

Une personnalité duelle. Capable des pires exactions face à l’ennemi (il laissera 2000 prisonniers mourir de faim en ses prisons), Cabrera se montre d’une générosité sans limite à l’égard de « son » peuple (jamais le Maestrazgo, région sous sa tutelle, ne fut à ce point riche et soignée). Le Diable et l’Ange. A découvrir son histoire, Cabrera ressemble à un héros de roman ou d’épopée. Sa violence parle des blessures de l’Espagne en ses guerres civiles.

 

En 1833, Ramon Cabrera choisit le camp des Carlistos (les carlistes) partisans du roi Charles de Bourbon évincé du trône d’Espagne. Devant Cabrera, se dresse le frère de sang, les Cristinos partisans de la reine régente Marie-Christine.

 

Ramon Cabrera arrive dans la Tinença de Benifassa à vingt-sept ans. Il ne possède qu’une paire de vieilles sandales et un bâton. Cinq ans plus tard, à force de combats, de bravoures, de complots et de violences Cabrera est devenu Conde de Morella. Il est le général d’une armée de 30.000 hommes qui règne sur un tiers de l’Espagne. Il a trente-quatre ans.

 

Il y a, dans Cabrera, un peu de Zorro (le « renard »), justicier masqué -lorsque notre homme se faufile la nuit pour escalader et prendre la citadelle de Morella.

 

Il y a, dans Cabrera, un peu de Robin des Bois, héros archétypale du Moyen-Âge, qui vole les riches pour donner aux pauvres -lorsque notre homme rentre de ses combats et distribue le butin aux habitants de ses terres.

 

Il y a, dans Cabrera, un peu d’Ernesto Guevara qui, au nom d’un idéal -abolir les inégalités socioéconomiques-, se perdit dans moult exactions -lorsque notre homme fait fusiller 1000 Cristinos par pure vengeance.

 

Un personnage de roman.

 

Fin 1836, le Brigadier Nogueras, un Cristino, fait fusiller la mère de Cabrera. Sans procès. Au nom des exactions de son fils. Ivre de représailles, Cabrera fait assassiner, à travers l’Espagne, lors d’une entreprise de vengeance quasi-religieuse, trente-quatre femmes d’officiers cristinos.

 

Veréis correr ríos de sangre por las montañas !1 lance Cabrera.

 

1Vous allez voir couler des rivières de sang à travers les montagnes !

 

Cabrera est insaisissable et extrême dans les fêtes qu’il offre et auxquelles il participe. L’alcool coule. La moquerie est de mise. L’homme danse sur cette musique espagnole qu’il affectionne. L’homme « aime » les femmes. On lui connaîtrait trois ou quatre femmes dans chacun des districts de son « royaume » du Maestrazgo. L’homme affectionne les orgies. Il pratique l’espionnage et le complot. Il n’est pas un fin stratège. Il tombe sur l’ennemi avec la grâce et la chance de l’imprévisibilité.

 

Cabrera aime ses hommes et ses fidèles lieutenants. D’eux d’entre eux épouseront Teresa et Juana, les deux jeunes sœurs de Cabrera (15 et 17 ans) sous sa protection depuis le décès de leur mère. Au-devant de ses troupes, sabre à la main, sur son cheval blanc, Cabrera est celui que l’on suit, qui ouvre la voie, qui paye de sa personne tout entière. Il lutte. Il ne renonce jamais. Il est le protecteur. Les paysans de ses terres du Maestrazgo sont choyés et protégés.

 

En 1840, Cabrera se rendra à l’exil avec son armée pour, après tant de sang versé, épargner la vie de ses hommes.

 

Pour mettre un terme à son entreprise de destructivité ?

 

 

 


 

Exécution de la mère de Ramon Cabrera par les Cristinos à Tortosa en décembre 1836.

La première édition de l'Atelier Cabrera (2014-2015) fut un réel bonheur. Juin 2015, les participants peaufinent la mise en page du recueil de leurs textes en tous points magnifiques. A paraître dans les semaines à venir. Le bonheur vécu lors de l'Atelier 2014-2015 m'invite à reconduire la démarche en 2015-2016.